À l’occasion de la Qualificative Mâles Selle Français 2 & 3 ans organisée à Rosières-aux-Salines ce jeudi 9 novembre, nous sommes allés à la rencontre de Pascal Cadiou, président du Studbook Selle Français, et Rémi Ploix, président de Cheval Grand Est qui nous confiaient leurs ressentis sur cette journée et sur l’élevage de sport en Grand Est.
Comment se déroule cette journée de qualificative ?
Pascal Cadiou : Le Studbook Selle Français a pour objectif de sélectionner les meilleurs mâles en vue d’une qualification pour la finale pour les 2 ans et d’une participation à la semaine de testage pour les 3 ans. Cette dernière permet de distinguer, dans un environnement homogène, les étalons présentant des capacités naturelles particulièrement intéressantes. Toutes deux se dérouleront à Saint Lô début décembre.
Lors de cette journée à Rosières-aux-Salines, on commence par voir les 3 ans sur l’atelier saut en liberté qui permet de juger les aptitudes à l’obstacle. Ensuite, les chevaux sont vus au modèle pour noter leur morphologie et enfin, on les voit sous la selle pour évaluer leur locomotion au pas, au trot et au galop et à nouveau leurs aptitudes à l’obstacle mais avec un cavalier cette fois.
L’après-midi, c’est au tour des mâles de 2 ans qui n’ont évidemment pas d’épreuve montée. Ils sont évalués sur la locomotion et l’aptitude à sauter dans le rond d’Havrincourt ainsi que sur leur morphologie lors de l’atelier de présentation au modèle.
Rémi Ploix : Étant moi-même éleveur, j’ai toujours vu des sélections se tenir à Rosières-aux-Salines. D’abord dans le moyen manège du Haras, puis au Pôle Hippique de Lorraine après la construction du Grand Manège, devenu le Pôle Hippique du Grand Est. Si cette journée est organisée par le Studbook Selle Français, Cheval Grand Est, en tant qu’association régionale d’élevage, intervient comme support technique et logistique comprenant entre autres la location du site du Pôle Hippique et l’installation des différents ateliers : le rond d’Havrincourt, les obstacles de l’atelier de saut monté et l’atelier de modèle. Cheval Grand Est fourni également une aide humaine, indispensable au bon déroulement de cette journée.
Que recherche le Studbook Selle Français dans un cheval aujourd’hui ?
PC : Tout d’abord on étudie leur morphologie, si elle correspond à ce que l’on recherche c’est-à-dire à la fois un joli modèle avec de l’expression et sans défaut majeur d’aplomb ou de force dans le dos par exemple. Le modèle est jugé en suivant une grille de notation pour les différentes parties du corps et la note attribuée compte pour 40% de la note finale.
Ensuite, à travers les autres ateliers, on juge d’abord les allures : l’énergie, l’amplitude et l’élévation du mouvement au pas, au trot et au galop. Pour les ateliers de saut, monté ou en liberté, le regard va se porter sur l’équilibre, le style, les moyen et le comportement. Ce dernier critère comprend le sang, c’est-à-dire l’énergie que met le cheval à effectuer un exercice, mais aussi la façon dont il a été formé et éduqué.
Le but est donc d’avoir des chevaux bien éduqués et bien formés pour pouvoir les évaluer dans les meilleures conditions sans que cela ne pèse sur leur mental ou leur physique.
RP : En amont, Cheval Grand Est va également intervenir auprès des éleveurs pour les aider à préparer ces journées en leur proposant plusieurs formations au cours du premier trimestre : présentation au modèle et aux allures montées mais aussi de saut en liberté. On constate d’ailleurs une évolution positive en ce qui concerne la préparation des chevaux lors de ces épreuves. On voit moins de chevaux préparés et travaillés à l’excès ou tout juste sortis du pré. Cela va dans le sens du respect de l’intégrité physique et mentale des chevaux.
Que pensez-vous de l’élevage du Grand Est ?
PC : Il semble y avoir un bon cru de chevaux présentés aujourd’hui à Rosières-aux-Salines. Après l’atelier de saut en liberté, on découvre des chevaux avec des moyens et de bons looks c’est intéressant mais il faudra attendre la fin de la journée et les avoir vus sur tous les ateliers pour se prononcer.
La particularité de la Région Grand Est est que, compte tenu de sa proximité de la Belgique et de l’Allemagne, les éleveurs peuvent parfois faire appel à une jumenterie étrangère mais cela ne nous dérange pas. C’est le choix de l’éleveur qui prime, c’est lui qui choisit ses reproducteurs et souvent, les choix sont judicieux. C’est le savoir-faire de l’éleveur qui fait la différence et l’on observe tout de même des savoir-faire communs en France qui nous distinguent de nos voisins. On a de l’espace, de quoi faire grandir et mûrir nos chevaux en prairie mais aussi une façon de les éduquer et de les former progressivement de manière à respecter leur physique et leur mental.
RP : On a constaté une baisse des naissances en 2020-2021, lors des années COVID, et cela se ressent cette année par une baisse en termes de participation. Cependant, l’élevage en Grand Est voit sa qualité en constante progression. Pour ne citer qu’eux, Rahotep de Toscane, né chez M. Aubertin dans la Marne qui obtient une médaille d’or aux JO de Rio en 2016 ou encore Brazyl du Mezel, né chez M. Hecht en Meurthe-et-Moselle qui performe actuellement au niveau 5* dont une victoire récente à Dublin.
Notre gros avantage est d’être frontalier avec 4 pays : la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la Suisse. Cela nous permet des échanges avec nos voisins éleveurs et l’opportunité de confronter et partager les façons de faire. Un éleveur Belge vient d’ailleurs présenter ses chevaux lors des concours d’élevage en Grand Est.
Les résultats de la qualificative Étalons de Rosières-aux-Salines :
Largowinch du Chalet remporte la catégorie des 2 ans.
Un fils de Cornet Obolensky (Clinton) et Vanda de Hus Z (Vivaldi du Seigneur).
Né chez Monsieur Claude Pergent (55).
Krack Boom remporte la catégorie des 3 ans.
Un fils d’Untouchable (Hors la Loi II SF) et Themis Chapotière SF (Ilvien des Mielles SF).
Né à l'Élevage de la Fée Theleme (57).
Consultez l’intégralité des résultats sur notre site internet en cliquant sur ce lien : bit.ly/40pQz0s